Teratec au cœur de l’évolution d’EuroHPC
Lors de l'AG, Daniel Verwaerde, Président de Teratec, après avoir expliqué ce que le changement de Commission Européenne impliquait pour le HPC en Europe, a montré comment Teratec participait à l'élaboration de l'évolution d'EuroHPC et allait devenir le Centre de Compétence français du HPC.
« Concernant les grande initiatives européennes, le point marquant des dernières semaines a été, suite aux élections européennes, le changement de la Commission. Nous sommes passés de la Commission Junker (2014-2019) à la Commission Van Der Leyen (2019-2024). Cela se traduit par des changements assez importants pour ce qui concerne le rattachement de l’activité des membres de notre association, qu’il s’agisse de HPC et plus généralement des technologies de l’information. En effet, dans la Commission précédente le HPC et la DG Connect, qui en a la responsabilité, étaient rattachés à la Commissaire à la Société et à l’Economie Digitales, Mariya Gabriel, qui dépendait du Vice-président Marché Unique Numérique. Cela s’était traduit par la création de la Joint Undertaking EuroHPC, indépendante de la Commission et pilotée par DG Connect. Ce qui est entrain de changer, c’est que cette activité du HPC et, d’une manière plus générale, de la digitalisation de l’économie et de la société, est jugée encore bien plus importante par cette nouvelle Commission et du coup le pilotage quasi-opérationnel ne sera plus effectué par un simple Commissaire, mais par une des deux Vice-présidentes, celle qui est chargée d’une Europe préparée à l’Ere numérique, Margrethe Vestager. Du coup, on aura en dessous d’elle en rôle d’exécutant, un HPC et une DG Connect qui seront rattachées au Commissaire au marché intérieur Industrie, Défense et Espace ».
Rappelons que EuroHPC rassemble la Commission et 29 états membres avec un budget de l’ordre de 1 milliard d’Euro sur la période 2019/2020, financé pour moitié par la Commission, puis de 7 milliards pour la période 2021/2027. La mission est double : acquérir en Europe de très gros ordinateurs, entrant dans le Top 5 mondial, pour les mettre à la disposition des chercheurs et de l’industrie ; développer en Europe une capacité industrielle complète pour produire, vendre, installer, maintenir ces super-calculateurs. « Mariya Gabriel avait coutume de dire que 30 % des super-calculateurs mondiaux étaient utilisés en Europe et que son ambition était que 30 % soient produits en Europe ».
Le programme EuroHPC avance rapidement. Pour les machines de 150 à 200 PFlops, 3 sites ont été retenus (Kajaani en Finlande, Barcelone en Espagne, Bologne en Italie), les appels d’offres sont lancés et les installations devraient avoir lieu fin 2020. Le budget total sur 5 ans est de l’ordre de 650 M€. « La France et l’Allemagne ne font pas partie de ces trois consortiums, préférant se réserver pour la phase suivante qui concernera des machines exaflopiques 5 à 10 fois plus performantes ». 5 autres machines de 5 à 30 PFlops vont aussi être acquises pour un budget total sur 5 ans de 180 M€. Elles seront installées au Luxembourg, au Portugal, en République Tchèque, en Slovénie et en Bulgarie, à partir de la mi-2020. « Ces sites n’ayant pas forcement une forte antériorité dans l’exploitation de ce genre de machines, les membres de Teratec ayant cette expertise pourraient trouver là de nouveaux débouchés ».
« Nous préparons actuellement à Bruxelles l’évolution d’EuroHPC pour la décennie à venir. Il est prévu de continuer à acheter des machines de manière à ce qu’il y ait toujours en Europe l’une des 5 machines les plus performantes du monde. Nous avons aussi la volonté d’avoir une chaine technologique au niveau permettant d’y arriver et un écosystème de développement d’applications adapté. Enfin, la Commission souhaite que toutes ces machines disposent d’une interconnexion extrêmement rapide pour en faciliter l’accès et l’usage ».
Le rôle de Teratec dans EuroHPC est triple. « Tout d’abord et je viens de l’évoquer, nous participons activement à 2 ‘’Advisory Groups’’ (Infrastructure Advisory Group, INFRAG ; Research and Innovation Advisory Group, RIAG), dont la mission est de rédiger des documents stratégiques pour la sélection des plates-formes et la définition de la feuille de route technologique, afin de continuer à faire jeu égal avec les autres pays leaders mondiaux du domaine. Nous travaillons aussi sur la rédaction du ‘’Vision Paper 2021/2030’’ pour la feuille de route EuroHPC ».
Deuxièmement, à la demande de la Commission et de la DG Connect, Teratec a été chargé de produire un document d’expression du besoin industriel en matière d’utilisation des super-calculateurs d’EuroHPC. L’objectif pour la Commission étant de s’en servir pour définir sa politique d’ouverture de ces super-calculateurs aux industriels, des PME aux Grands Groupes.
Troisièmement, « Nous participons également à 3 grands Appels à Projets lancés en juillet dernier : EuroHPC 03 ‘’Industrial software codes for extreme scale computing environnments and application’’ ; EuroHPC 04 ‘’Competence centers’’ ; EuroHPC 05 ‘’Stimulating the innovation potential of SME’s’’ qui est la suite du projet européen de FORTISSMO, cousin du français SiMSEO).
« Bien évidemment dans ce contexte, Teratec est prêt à être le facilitateur de montage de projets par ses membres dans le cadre des différentes actions de EuroHPC ».
L‘action EuroHPC 04 vise à créer un unique Centre de Compétence HPC dans chaque pays européen. Il servira d’interface avec la Commission et les autres états membres, pour décliner la politique européenne en la matière, et apportera les services suivants à l’ensemble des acteurs économiques du pays :
- Diffuser les usages des technologies HPC/HPDA ;
- Proposer un ensemble complet de services (conseil, études spécifiques) ;
- Faciliter l’accès des industriels aux capacités matérielles et logicielles HPC/HPDA ;
- Apporter un support pour le déploiement des outils ;
- Assurer la formation et l’information ;
- Rassembler les informations permettant de mesurer l’apport du Centre de Compétence.
« Le Gouvernement français a désigné Teratec auprès des autorités de Bruxelles comme étant son porte-bannière pour le Centre de Compétence français. Nous avons donc fait avec le CERFACS, dont le travail depuis des années auprès des industriels le rend plus que légitime dans cette structure, une proposition d’organisation aux pouvoirs publics français. Le comité d’organisation comportera 5 membres : Teratec (Présidence) ; CERFACS (Vice-Présidence) ; France Industries, qui régit les 17 branches industrielles françaises ; GENCI, qui est le maitre d’ouvrage pour les grand équipements de calcul destinés à la recherche ; la Maison de la Simulation, une organisation qui regroupe le CNRS, le CEA et les Universités de Paris-Saclay, de Paris-Sud (UPS) et Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) »,
L’objectif du Centre de Compétence est d’avoir une liaison permanente avec le ‘’Groupe Miroir’’ EuroHPC, ainsi qu’avec les grands organismes de recherche pouvant apporter des technologies et des savoirs (CEA, CNRS, INRIA, AFneT, AMIES, Centres techniques, Pôles de compétitivité, IRT…). De même, le Centre de Compétence associera le monde industriel et ceux de l’enseignement et de la recherche à travers des réunions régulières. Le budget (EuroHPC + Etat) sera de 1 M€ par an, ce qui permettra de financer 8 personnes et 200 K€ d’investissement.
« L’Union Européenne et EuroHPC sont importants pour nous car on sent bien que les canaux franco-français vont devenir européens et que si l’on veut poursuivre notre action au profit du tissu économique français, il est extrêmement important que nous jouions totalement le jeu de EuroHPC », a conclu Daniel Verwaerde sur ce chapitre. |